Le syndrome de la “good vibe only” : quand la quête du positif devient toxique
On voit fleurir les slogans “good vibes only”, les citations motivantes et les mantras du bonheur permanent. Derrière cette esthétique lumineuse du bien-être, une injonction se glisse : celle de toujours aller bien.
Sourire, relativiser, méditer, transformer chaque difficulté en “leçon”... Et si cette positivité constante, censée nous libérer, devenait au contraire une nouvelle forme de pression ?
Quand le bien-être devient une norme
Dans une société où tout doit être performant — le travail, le couple, le corps —, même le bien-être s’est transformé en objectif à atteindre. Le problème, c’est que cette posture de “positive attitude” permanente peut devenir une négation des émotions humaines.
La psychologue américaine Susan David parle de “tyrannie de la positivité” : une forme de déni émotionnel où l’on refoule colère, tristesse, fatigue, sous prétexte de rester “aligné·e”. À long terme, cela génère culpabilité et tension intérieure.
Ce que dit la science
Les neurosciences confirment que toutes les émotions, agréables ou non, ont un rôle adaptatif.
La tristesse signale le besoin de ralentir.
La colère protège nos limites.
La peur alerte d’un danger ou d’un déséquilibre.
Les refouler crée un stress interne : le cortisol augmente, le système nerveux se bloque, et la fameuse “positive energy” devient un vernis fragile.
Le yoga et la méditation : non pas pour fuir, mais pour sentir
Les pratiques spirituelles authentiques yoga, méditation, respiration ne cherchent pas à supprimer les émotions, mais à les accueillir sans s’y attacher. Assis sur son tapis, on apprend à observer ce qui traverse : la joie, la fatigue, la colère. Le but n’est pas de tout positiver, mais d’habiter chaque état avec conscience.
Le bien-être n’est donc pas l’absence de négatif, mais une capacité à traverser le vivant sans s’y perdre.
Retraites, cercles et authenticité émotionnelle
Dans les retraites bien-être, le contraste avec la vie urbaine saute aux yeux : on s’autorise enfin à ne pas aller bien, à déposer les masques. Les cercles de parole, les pratiques de yoga ou de respiration deviennent des espaces où les émotions sont vécues, pas jugées.
Beaucoup repartent avec ce constat simple : la vraie lumière naît de ce qu’on accepte d’éclairer, pas de ce qu’on cache.
La tendance du “good vibes only” nous éloigne parfois du bien-être qu’elle promet. Accepter les émotions difficiles, c’est retrouver une forme d’authenticité. Et paradoxalement, c’est peut-être là que commence la vraie sérénité.
Parce qu’il n’y a pas de “vibration haute” sans un peu de gravité.