Peut-on être écolo et aimer voyager
C’est une question qui nous traverse de plus en plus, souvent à l’approche d’un vol long-courrier ou au moment de boucler une valise : peut-on encore aimer voyager sans culpabiliser ? Est-ce que partir à l’autre bout du monde en quête de silence, de sens ou de beauté n’est pas une contradiction pour qui se veut engagé écologiquement ? L’époque nous pousse à reconsidérer nos gestes les plus quotidiens. Et le voyage, longtemps perçu comme un droit, devient aujourd’hui un luxe… éthique.
Voyager n’a jamais été neutre
Le tourisme de masse, on le sait, est énergivore. L’aviation civile représente à elle seule environ 2 à 3 % des émissions mondiales de CO₂ (source : ADEME, 2023). Et pourtant, nous continuons de prendre l’avion pour des retraites bien-être, des road trips en van ou des treks spirituels. Faut-il pour autant renoncer à toute forme de mobilité ? Pas forcément. Mais repenser le voyage, oui.
Comme l’explique l’écrivain et écologiste Pierre Rabhi, “la sobriété heureuse” ne consiste pas à tout couper, mais à retrouver le goût de l’essentiel. Appliqué au voyage, cela donne une nouvelle approche : partir moins souvent, mais plus longtemps. Moins loin, mais plus profondément.
Voyager autrement : les choix qui changent tout
L’écologie n’est pas l’ennemie du voyage. Elle nous invite à explorer autrement. Voici quelques pistes concrètes :
Favoriser les séjours accessibles sans avion, en train ou en covoiturage. En France, les Alpes, les Cévennes ou le Pays basque regorgent de lieux inspirants à (re)découvrir.
Opter pour des retraites à taille humaine, dans des lieux engagés : alimentation locale, respect du vivant, sobriété énergétique.
Allonger la durée du séjour : un long week-end à Marrakech en avion a plus d’impact qu’un séjour de deux semaines pensé avec conscience.
Soutenir l’économie locale : choisir des retraites portées par des acteurs de terrain, plutôt que par de grandes plateformes globales.
C’est dans cette logique que Yogascope développe des séjours slow, où le trajet fait partie de l’expérience, et où chaque lieu est choisi pour sa cohérence, pas seulement pour sa photogénie.
Voyager, mais mieux : vers un tourisme conscient
Partir n’est pas forcément fuir. Cela peut être un retour vers soi, un moment d’élargissement de la conscience, à condition de replacer le voyage dans une logique de responsabilité.
C’est ce que le sociologue Rodolphe Christin appelle le “tourisme de reconnexion” : celui qui ne cherche pas à consommer des destinations, mais à se laisser transformer par elles. Celui qui privilégie la lenteur, l’écoute, l’échange. Celui qui accepte de vivre un séjour moins “productif” mais plus humain.
Le tourisme bien-être n’échappe pas à cette prise de conscience. Beaucoup de lieux et d’organisateurs proposent aujourd’hui des formules plus respectueuses : retraites végétariennes, maisons à faible impact, pratiques intégrées à l’environnement local, réflexion sur le transport et le rythme.
Être cohérent, pas parfait
Personne n’a la solution magique. Et ce n’est pas une injonction de plus qu’il faut ajouter à notre quotidien. L’essentiel reste dans l’intention : pourquoi je pars ? Comment ? Qu’est-ce que je laisse derrière moi ? Et surtout : qu’est-ce que je ramène, d’invisible, de vivant, de transformé ?
Voyager reste un acte de liberté. Mais une liberté qui, aujourd’hui, demande une certaine forme de maturité : celle de regarder ses contradictions en face, sans renoncer à la beauté, ni à l’éthique.