Pourquoi la lenteur est devenue un acte radical


Il y a quelques décennies, ralentir était un luxe. Aujourd’hui, c’est presque un acte de résistance.
Dans un monde qui valorise la rapidité, l’optimisation et la productivité constante, prendre le temps — de marcher, de respirer, de vivre — peut sembler à contre-courant.
Et pourtant, la lenteur n’est pas un frein. Elle est peut-être notre ressource la plus précieuse.

Vivre vite… pour aller où ?

Nous vivons dans une époque où tout s’accélère : notifications instantanées, livraisons en 24h, information en flux continu.
Notre cerveau est bombardé de stimulations, et notre corps, lui, peine à suivre.
Résultat : le stress devient un état normal, le sommeil se fragmente, l’attention se disperse.

Le philosophe Hartmut Rosa, spécialiste de l’accélération sociale, explique que notre rapport au temps est devenu “pressé”, même dans nos loisirs. Nous cherchons à “rentabiliser” chaque minute.
Mais si l’on ne laisse plus de place aux pauses, comment l’esprit peut-il se régénérer ?

La lenteur comme hygiène mentale

Ralentir, ce n’est pas “ne rien faire” au sens passif. C’est redonner du temps à ce qui compte vraiment.
Les neurosciences montrent que les périodes de “non-action” permettent au cerveau d’entrer dans un mode de fonctionnement appelé default mode network — essentiel pour la créativité, la mémoire, la résolution de problèmes.

En pratique, la lenteur :

  • réduit le niveau de cortisol (hormone du stress),

  • améliore la régulation émotionnelle,

  • favorise une meilleure digestion et un sommeil plus profond,

  • renforce la capacité à se concentrer longtemps sur une tâche.

Comment cultiver la lenteur dans votre quotidien

Même en dehors d’une retraite, il est possible d’amener un peu de lenteur dans sa vie :

  • marcher sans écouteurs pour observer le paysage,

  • cuisiner un plat de A à Z sans se presser,

  • s’asseoir 10 minutes par jour pour respirer sans objectif,

  • instaurer une soirée par semaine sans écran,

  • dire “non” à certaines sollicitations pour préserver des temps vides.

Ces micro-moments, répétés, agissent comme des poches de résistance dans un quotidien accéléré.

La lenteur n’est pas nostalgique ni passive.
C’est un choix conscient, presque militant, dans un monde qui confond vitesse et progrès. Prendre le temps, c’est se réapproprier son espace mental, retrouver le lien avec son corps, et faire de la place à ce qui compte vraiment.

Et si, en 2025, votre plus grand luxe n’était pas un nouvel objet… mais une heure de silence ?


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